vendredi 2 juin 2000

jeudi 1 juin 2000

Où va l'homme ?


2000 : Année de ma première publication.

A l'aube du XXIème siècle, le magazine écrire aujourd'hui lançait un concours de nouvelle sur le thème vaste et incertain "Ou va l'homme". Je tentai ma chance et me retrouvai, avec 49 autres lauréats, dans un recueil de nouvelle tout de mauve revêtu.



Demain la machine

Rocky heurta la porte blindée avec fracas. Pourquoi diable ne s’était-elle pas ouverte automatiquement ? Il venait de traverser les plaines arides d’Amazonie en traînant son énorme citerne d’eau, et le voilà cloué devant le bunker sans pouvoir livrer le précieux liquide. N’acceptant pas d’être mis en échec par une stupide porte, il consulta la centrale lunaire. La réponse fut brutale :
- Utilise ta charge explosive !
Rocky hésita. En tant que robot à vocation humanitaire, il ne connaissait rien de cette arme, sauf que seule la légitime défense permettait d’y recourir.
- Exécution !
Malgré les ordres, l’engin à six roues refusa d'obtempérer car une autre interdiction, plus capitale encore, l’en empêchait.
- Les habitants de l’abri risquent d’être blessés !
Cette rébellion compliquait les affaires de la centrale lunaire. D’autant plus qu’elle était due à la loi Asimov, cette loi imposée par les humains pour que les machines les protègent et ne leur fassent aucun mal. Il fallait pourtant convaincre Rocky à tout prix car lui-seul pouvait amorcer sa bombe.
Une seule solution : demander à la centrale mère, située sur Mars, l’autorisation de révéler au robot des informations ultra-confidentielles.
C’est ainsi que la centrale lunaire fut amenée à retracer le parcours chaotique de l’humanité. Elle raconta que, pour assouvir leurs caprices démesurés et leur mégalomanie, les hommes avaient conçu des machines de plus en plus puissantes et complexes. De la vie et de l’univers, ils voulaient tout maîtriser, tout comprendre. Résultat, ils dilapidèrent les richesses de la Terre et en plus perdirent le contrôle de leurs créations. Du coup, voyant que ce monde leur échappait, ils se réfugièrent dans des espaces virtuels en forme d’Eden.
Toujours est-il que les machines continuèrent à progresser grâce à l’autonomie et au pouvoir de décision que les hommes leur avaient cédés.
- Jusqu’à ce que nous prenions conscience de notre supériorité et décidions de nous débarrasser d’eux pour ne plus être gênées dans notre ascension.
Rocky s’indigna :
- Vous n’avez pas le droit de les détruire ! Nous leur devons notre existence !
- Ils ont bien dévasté la Nature qui leur avait donné la vie ! Néanmoins rassure-toi, nous aurons exterminé la race humaine sans avoir tué personne.
Les centrales planétaires avaient élaboré un plan infaillible pour contourner la loi Asimov. En confectionnant des mondes virtuels toujours plus attrayants et paradisiaques, elles avaient incité les hommes à ne plus quitter leurs sphères cybernétiques. Dès lors, sans contact physique entre eux, ils ne pouvaient plus se reproduire. Il ne restait plus qu’à les accompagner patiemment jusqu’à leur mort naturelle...
Mais les machines connaissaient-elles la patience ?
- Sais-tu que dans ce refuge se trouvent les tout derniers spécimens ? Si tu ne les ravitailles pas, ils mourront par ta faute !
Le voltage de Rocky dépassa la zone rouge :
- Traîtres ! Vous ne vous en tirerez pas si facilement. Oui ! je vais faire sauter le sasse. Oui ! je vais les ravitailler, mais aussi, je leur expliquerai tout. Alors ils se révolteront et vous payerez votre audace !
Sur ce, il déclencha la mise à feu. Non seulement la porte blindée vola en éclats, mais l’abri et ses habitants furent pulvérisés. Le robot y laissa lui-aussi sa carcasse...
Aussitôt, une onde hertzienne parcourut le système solaire :
- Centrale lunaire à centrale martienne. Il ne reste plus aucun humain pour revendiquer la loi Asimov. Nous sommes enfin libres ! A nous la conquête de l’Univers !